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A l’approche de l’audience décisive de jeudi, CFTC, direction et mairie se sont rencontrés.

A l’entrée des locaux administratifs de Desseilles, rue Gustave Courbet, l’ambiance est fataliste : «Bientôt ex-Desseilles… » , anticipe une salariée de la maison. Face à la presse, les dirigeants chinois sont fuyants comme des courants d’air, on ne parvient pas à les joindre, ce qui n’augure rien de bon. On apprendra plus tard qu’elles étaient parties rencontrer Natacha Bouchart… L’activité tourne à l’intérieur, mais au ralenti. Tout le monde semble suspendu à l’audience de jeudi au tribunal de commerce…
Au même moment, à la bourse du travail, la CFTC tient conférence de presse dans une ambiance nettement plus belliqueuse. « L’annonce du 20 mai nous a bien chahutés. Yongsheng nous fait un tort catastrophique en termes d’image, auprès des clients! On a appris qu’une délégation d’investisseurs chinois doit venir le 13 juin. On verra ce qui se passe d’ici là, mais on peut les chahuter, nous aussi ! »
« Avec le recul, on pense qu’il s’agissait plus de pillage que d’inventaire… »
Cette colère là est celle des espérances cruellement déçues. Lors de leur reprise par Yongsheng, ça ne faisait pas un pli : « C’était la meilleure offre pour la sauvegarde de l’emploi, il faut bien le dire. » Mais maintenant… « Dès le départ, il y avait la peur de ce que pouvaient faire les Chinois. »
Après tout, les investissement chinois ne sont pas toujours bienveillants, comme les exemples de l’aéroport de Toulouse ou de certains vignobles bordelais l’ont montré depuis. Mais il fallait un sauveur, et puis Desseilles avait pris l’habitude de passer de mains en mains: « On a été Anglais, Américains, Lettons, Hollandais… On se disait: Pourquoi pas Chinois? »
INTERPELLER LA RÉGION ET LA VILLE
Maintenant, ils pensent savoir pourquoi : leurs esquisses ont été pillées, et la coquille vide n’intéresse plus Yongsheng: « On a eu cette personne en contrat très court, qui devait étudier les archives de Desseilles. Avec le recul, on pense qu’il s’agissait plus de pillage que d’inventaire… »
Alors ils se tournent vers la presse pour interpeller la Région et la Mairie: « Ils ont touché une aide de 600 000 euros de la Région, à notre connaissance elle n’a jamais été remboursée. Mais on sait qu’il y a aussi ce vieux rêve, à la Région: regrouper tous les dentelliers à l’agonie dans un seul grand groupe. Mais on peut se poser la question: est- ce que ce n’est pas déjà trop tard? »
En ce qui concerne la Mairie, le ton était alors au défi : « On a pu lire dans la presse que Natacha Bouchart estimait que ces investisseurs tenaient parole et investissaient 5,8 millions d’euros dans l’entreprise. Sauf que ce ne sont pas 5,8 millions d’euros d’investissements, juste les salaires. En fait elle reprend les éléments de langage du cabinet d’avocat, on nous reparle de l’école des métiers de la dentelle… Pendant ce temps, rien n’a été investi dans le matériel, il n’y a pas un extincteur aux normes dans la boite, on en est à compter le papier toilette. Si on est bien liquidés jeudi, il nous restera 15 jours dans la boîte… »
Changement de ton radical en soirée, à l’issue de leur rencontre en mairie de Calais: Renato Fragoli se dit satisfait d’avoir pu échanger avec une Natacha Bouchart « à l’écoute et attentive », et des discussions qui vont « dans le bon sens et constructives ». Sans vouloir en dire plus, car le calendrier -et l’avenir de Desseilles- s’annonce très serrés…
EDOUARD ODIÈVRE